Didon et Énée
En 2011, Karim Arrim signe une mise en scène de Didon et Énée, de Henry Purcell, pour Opéra Mosset. Dans ce chef d’œuvre, le compositeur anglais évoque un épisode carthaginois de L'Énéide. Karim embarque les héros légendaires et un chœur antique à bord d'un bateau...
On ne peut nier à Henry Purcell une très grande qualité d'écriture. Il propose indéniablement un langage d'une grande efficacité dramatique. Purcell déploie par le verbe la beauté issue de la douleur des êtres et de la misère des rapports humains.
La mise en scène de Didon et Énée est entre la densité, l'évidence concrète des éléments présents sur la scène et les échos qu'ils ne cessent d'ouvrir. Entre la nature profondément matérielle des décors, un jeu apparemment réaliste, et l'onirisme trouble d'une scène résonnant comme un espace mental.
Dans cette œuvre, nul besoin d'inventer des objets, des accessoires supplémentaires pour donner au chœur et aux solistes des prétextes à enrichir sur un plan parallèle l'action principale. Chez Purcell, tout est déjà prévu. Il nous guide vers une solution scénique dans la musique. Ce qui résume aussi à merveille le génie de Purcell, à savoir la capacité à représenter, avec une délicatesse extrême, les différents sentiments, les humeurs variables du caractère humain. Entre le conscient et l'inconscient, entre le corporel et le psychique, entre l'éveil et le sommeil, entre la réalité et le rêve, il nous fait vivre l'histoire de Didon et Énée.
Didon et Énée, mis en scène par Karim Arrim, en plein air, à Mosset et au Palais des rois de Majorque
Didon et Énée en français, dans la mise en scène de Karim Arrim, au palais des rois de Majorque (Perpignan)
Opéra Mosset a choisi de monter Didon et Énée à condition que ce soit en français. Donner un opéra dans une langue autre que sa langue originale est aujourd'hui passé de mode. c'était pourtant chose courante au XIXe siècle et au début du XXe, quand n'existaient ni les surtitres, ni les CD avec livret multilingue. Plutôt que d'utiliser la version française de Paul Landormy (1927), l'équipe artistique m'a confié, en tant que traductrice et artiste lyrique, le soin d'en proposer une nouvelle.
Des contraintes que je me suis imposées est née une traduction qui se veut au plus près du sens et de la musique, au plus près des émotions qui agitent les personnages. J'espère que cette adaptation saura captiver et émouvoir les spectateurs. Elle a pour ambition première de lever l'obstacle de la langue afin de leur faire (re)découvrir dans toute sa force ce spectacle vivant total, cette expérience bouleversante qu'est l'opéra.