Les Voisins
Les Voisins, de James Saunders
Parmi les thèmes propres à l’œuvre de James Saunders, il y a cette obsession du faux-semblant, de la vérité qui fuit perpétuellement l’analyse. On vit sans cesse avec soi-même, sa mémoire, ses sens dans des rapports équivoques et incertains. Plus on les cerne, plus on s’y perd. Saunders veut seulement troubler un peu notre quiétude aveugle, notre bonne conscience teintée de lâcheté.
Œuvre de provocation, Les Voisins nous saisissent et nous gênent parce que nous pourrions tous nous trouver à la place de cette jeune femme blanche, de ce noir. Leurs réponses, leurs fuites et leurs découvertes sont les nôtres. Saunders mène toujours le même jeu passionnant, et dangereux aussi ; son but ne varie point : nous ouvrir les yeux, sans pitié.
Dans Les Voisins, le rideau ne s’ouvre que sur une seule personne qui semble à l’aise dans une solitude choisie comme élément de sécurité et de confort. Ici le danger viendra de l’extérieur, car la porte s’ouvre, un Noir apparaît qu’elle connaît à peine créant une situation de fait : une femme seule chez elle avec un Noir, dans l’Angleterre des années soixante.